Mixité sociale : derrière les grands discours, un manque de volonté de la part de l’Education Nationale ; la preuve par l’expérience toulousaine

Notre ancien Ministre de l’Education Nationale, Pap N’Diaye, avant le fiasco de sa non-conférence de presse de mai 2023 n’annonçant rien sur le sujet de la mixité sociale, citait souvent l’expérience toulousaine. Et il aurait pu s’en inspirer bien sûr. Car il faut avouer tout d’abord que ce plan mis en œuvre depuis 6 ans, accompagné par la FSU 31 de façon très critique après un vote de départ en abstention, était ambitieux. Fermer les collèges Badiou et Bellefontaine, qui n’avaient pas de perspectives de mixité, pour affecter les élèves dans 11 collèges « favorisés », puis reconstruire deux collèges dans des zones proches du Mirail mais plus mixtes socialement, a fortement rebattu les cartes de la mixité sociale sur Toulouse. Avec un investissement de 56 millions d’euros du Conseil Départemental 31 dans ce dispositif, avec l’instauration d’un bonus-malus qui de fait pénalise (trop peu) l’enseignement privé et de nombreux débats entre toutes les parties au sein d’un comité de suivi sur ce sujet, de gros efforts ont été faits, sous pression syndicale, notamment de la FSU31, c’est indéniable.
A l’heure des bilans, si l’on s’appuie sur l’étude d’une recherche « qualitative » menée par une universitaire, sur les bilans dressés par des spécialistes de la question et sur nos propres constats sur la « qualité de vie », les élèves et parents concernés par le dispositif sont globalement satisfaits. Pour ce qui est des résultats scolaires, il n’y a rien de spectaculaire mais les élèves progressent globalement et, surtout, ils s’orientent de façon plus variée et positive. Cependant, le constat paraît moins positif pour ce qui est de l’ouverture des deux nouveaux collèges, Guillermy et Saint-Simon, moins mixtes qu’attendus. Les résultats des élèves et le climat scolaire ne sont pas à la hauteur des espérances et il est clair que la sectorisation de ces deux vitrines du dispositif ressemble à un échec. Même si les chiffres sont à prendre avec des pincettes, quand on regarde les résultats aux évaluations 6èmede 2022 dans l’un des deux collèges, cela ressemble plus à des résultats d’établissements REP ou REP+ qu’à ceux d’un collège mixte. Un exemple en Français : en compréhension orale 46% des élèves sont « à besoins » contre 20,3 en REP et 12% sur tout le territoire. Un exemple en Mathématiques : 55% des élèves d’un de ces collèges sont « à besoins » contre 46,5 en REP et 30,6 sur tout le territoire. D’autres signes nous viennent du terrain avec des professeurs qui font le même constat. Nous attendons d’être contredits sur ce sujet, et l’espérons même bien-sûr, mais si nous avions raison, il faudrait, selon nous, dès maintenant revoir cette sectorisation en urgence.
A la FSU 31, nous pensons surtout qu’une partie des écueils rencontrés auraient pu être évités si l’Education Nationale avait mis plus de moyens et surtout des moyens fléchés pour ne pas faire « payer » les rares moyens accordés aux autres établissements eux-mêmes confrontés à de grosses difficultés. Nous avons demandé des efforts sur les effectifs à tous les niveaux et notamment en 5ème (seules les classes de 6ème sont limitées à 25), plus de maîtres-mixité, plus de moyens vie scolaire, plus de psychologues, une véritable formation des enseignant.esetc….en vain. Il aurait fallu également un moratoire sur les ouvertures de classes dans les établissements privés, tant cette existence de l’enseignement privé fonctionne comme un fossoyeur de toutes les idées progressistes en matière de mixité.
FSU 31 le 30 septembre 2023